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Offres publiques : des primes de près de 40% en moyenne !

Offres publiques : des primes de près de 40% en moyenne ! En dépit des différentes vagues épidémiques, les opérations de rapprochement se sont multipliées tout au long de l’année 2021. Avec 41 offres publiques déposées auprès de l’Autorité des marchés financiers (et 4 en attente de dépôt), quasiment toutes en cash, 2021 s’affiche comme un très bon millésime. Dans le détail, on recense vingt-neuf OPA (dont vingt-six selon la procédure simplifiée), neuf offres de retrait (OPR), une offre d’échange (OPE), une offre mixte (OPM) et une offre de rachat d’actions (OPRA).

Tiercé gagnant : santé, technologie et numérique

Tous les compartiments d’Euronext Paris ont été visés (A, B, C et Euronext Growth), même celui des valeurs radiées du marché réglementé (Financière Agache, LV Group). Et aucun secteur n’a échappé aux grandes manœuvres, toujours favorisées par des conditions de financement historiquement attractives. Néanmoins, la santé (SuperSonic Imagine, EOS Imaging, Genkyotex, Voluntis), la technologie (Microwave Vision, NHOA, Envea), les solutions logicielles (Dalet, IGE+XAO, Prodware, Visiodent, Itesoft) et les services du numérique (Artefact, Devoteam, SQLI) restent des terrains particulièrement fertiles.

Une fois n’est pas coutume, la Place de Paris a été le théâtre d’une OPA hostile et non des moindres, celle de Veolia Environnement sur Suez. Celle-ci est toutefois devenue « amicale », à la faveur d’un accord de rapprochement, conclu le 14 mai 2021, et d’un relèvement du prix de l’offre (+13,9%). Pour éviter d’ailleurs toute contestation, M14 (société contrôlée par M. Bourrelier et sa famille) a d’ailleurs relevé le prix de son OPR sur Bourrelier Group de 6,5%, Unibel celui de son OPR sur Bel de 25% et le tandem Vinci Concessions-Eiffage celui de son OPA simplifiée sur la SMTPC de 17,4%.

Natixis, un prix d’offre contesté

En revanche, pour son OPA simplifiée sur Natixis, BPCE est resté inflexible aux arguments présentés par des actionnaires minoritaires. Ces derniers faisaient valoir que le prix de l’offre (4 € par action) était inférieur aux cours historiques de Natixis, notamment son cours d’introduction en Bourse en 2006 (19,55 €), inférieur à l’actif net comptable de Natixis au 31 décembre 2020 (5,40 €) et inférieur à la valeur de la participation de Natixis dans les comptes sociaux de BPCE (5,30 €).

L’AMF a également pris connaissance de ces arguments, mais a donné son feu vert à l’offre. Selon elle, « la référence à l’introduction de la société sur le marché réglementé est trop ancienne et, par conséquent, inopérante ». Ensuite, « la valeur d’utilité de Natixis inscrite dans les comptes de BPCE repose sur des paramètres, tenant compte de la situation spécifique de BPCE, lesquels sont différents de ceux retenus dans le cadre d’une valorisation de Natixis ». Enfin, « s’agissant de la référence à l’actif net comptable, celle-ci doit être relativisée en raison des contraintes réglementaires et du fait que la rentabilité des capitaux propres est inférieure au rendement attendu par les investisseurs ».

Une prorogation très surprenante

Fait rarissime : l’OPA, qui devait se terminer le 1er juillet 2021, a été prorogée in extremis pour une durée de six jours de Bourse, soit jusqu’au vendredi 9 juillet 2021 inclus. « Une part du capital de Natixis (et donc du flottant résiduel) est détenue par des fonds indiciels qui n’ont pas été en mesure de décider l’apport à l’offre tant que BPCE n’avait pas franchi le seuil de détention de 85% », expliquait alors la banque mutualiste. « La prolongation de la durée de l’offre vise à permettre notamment à ces fonds indiciels de prendre leur décision en tenant compte du niveau de détention atteint par BPCE à ce jour ». Ce faisant, BPCE a pu franchir le seuil de 90% et procéder, le 21 juillet, au retrait obligatoire.

A cet égard, plusieurs sociétés, qui n’avaient pas réussi à obtenir ce seuil fatidique des 90% pour retirer le titre de la cote lors d’une précédente opération, sont revenus à la charge en 2021, en proposant un prix beaucoup plus attractif. Ce fut le cas notamment pour XPO Logistics Europe (avec un prix en hausse de 44,8% par rapport à la précédente offre), Devoteam (+71,9%) et IGE+XAO (+97%).

Des primes offertes appréciables

En dépit des vagues haussières qui ont porté le marché à son plus haut niveau historique, les primes offertes se sont révélées très appréciables, en s’élevant en moyenne à 38,4% sur la base du dernier cours avant l’annonce et de 41,1% sur la moyenne des trois derniers mois. Au palmarès des plus belles primes, on trouve Ivalis (+137,9%), Voluntis (+110,1%), Suez (98,7%), en retenant le cours au 30 juillet 2020, dernière séance avant l’annonce d’Engie sur la revue stratégique de ses actifs, et Idsud (+95%).

Une seule décote est à déplorer : celle sur NHOA (ex-Engie EPS). A l’issue de son offre au prix de 17,10 € par action, Taiwan Cement n’a d’ailleurs porté son contrôle qu’à hauteur de 65,15% dans le capital de cette société spécialisée dans les systèmes de stockage d’énergie et les micro-réseaux. Comme quoi la prime n’est pas un paramètre à négliger.

Vive concurrence pour les banques et les experts indépendants

En matière de mandat, la concurrence a de nouveau été rude tant pour les établissements présentateurs que pour les experts indépendants. BNP Paribas (avec Portzamparc) s’est toutefois distinguée cette année, en étant présente dans sept opérations, suivie de Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (six) et Société Générale (six).

Du côté des experts indépendants, dont le rapport – très attendu – permet d’apprécier les conditions financières d’une offre publique, le cabinet Finexsi monte sur la première marche du podium avec dix opérations, suivie de Crowe HAF (cinq), en deuxième position. La troisième place est partagée par quatre cabinets qui ont tous mené quatre expertises sur des sociétés cotées durant l’année écoulée : A2EF, Accuracy, BM&A et Ledouble.

Palmarès des experts indépendants 2021

  • 1ère place (10 opérations) : Finexsi

Par ordre chronologique : Dalet (OPAS de Dalet Holding), Suez (OPA de Veolia Environnement), Bourrelier Group (OPR de M14), Tarkett (OPAS de Tarkett Participation), Société Foncière Lyonnaise (OPMS de Colonial), Genkyotex (OPR de Calliditas Therapeutics), Bel (OPR d’Unibel), Prodware (OPA de Phast Invest), SQLI (OPAS de DBAY Advisors) et LV Group (OPR de LVMH).

  • 2e place (5 opérations) : Crowe HAF

Par ordre chronologique : SuperSonic Imagine (OPAS de Hologic Hub), Media 6 (OPAS de Vasco), Eurogerm (OPAS de Novagerm), S.T. Dupont (OPAS de D and D International) et Fauvet-Girel (OPAS d’Advanced Biological Laboratories).

  • 3e place ex-aequo (4 opérations) : A2EF, Accuracy, BM&A et Ledouble

A2EF : Financière Agache (OPR d’Agache Placements), Idsud (OPRA), NHOA (OPAS de Taiwan Cement Europe Holdings) et Filae (OPAS de TreeHouse Junior).

Accuracy : La Foncière Verte (OPR de PH Finance), Sofibus Patrimoine (OPAS de Segro France), EOS Imaging (OPA d’Alphatec Holdings) et Artefact (OPAS de BidSky).

BM&A : Iliad (OPAS de HoldCo), Ivalis (OPAS de RGIS Spécialistes en Inventaire), Visiodent (OPR de Groupe Visiodent et Hivista) et SMTPC (OPAS de Vinci Concessions et Eiffage).

Ledouble : Natixis (OPAS de BPCE), XPO Logistics Europe (XPO Logistics UK), Baccarat (OPAS de Fortune Legend Limited) et Europcar Mobility Group (Green Mobility Holding).

Pour consulter toutes les opérations de l’année : Bilan OPA 2021

Gérard Blandin

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