VRAI OU FAUX ?

Bourse, la vérité sur les OPA

Les offres publiques sont une bonne affaire pour les actionnaires, car elles sont souvent assorties d’une prime. Voici tout ce que vous devez savoir pour en profiter au mieux.

  1. En France, le seuil de déclenchement d’une offre obligatoire se situe à 30%.

VRAI ET FAUX

Tout dépend du marché de cotation. Quand une personne, physique ou morale, vient à détenir plus de 30% du capital ou des droits de vote d’une société cotée sur un marché réglementé, elle est dans l’obligation de déposer un projet d’offre publique. Depuis la loi de régulation bancaire et financière du 22 octobre 2010, le seuil de déclenchement a en effet été abaissé de 33,33% à 30%. Cela, afin d’éviter autant qu’il est possible les prises de contrôle rampantes. Disposition moins connue : quand le ou les actionnaires d’une société cotée, qui détiennent entre 30% et 50%, viennent à acquérir au moins 1% supplémentaire sur une durée de douze mois consécutifs, ils sont aussi tenus de lancer une offre publique. C’est ce qu’on appelle l’excès de vitesse d’acquisition, auparavant fixé à 2%.

Sur Euronext Growth, en revanche, le seuil de déclenchement se situe à 50%. Le savoir peut éviter bien des désillusions. En 2009, le producteur d’électricité autrichien Verbund, qui possédait près de 30% du capital de Poweo, a ainsi porté sa participation à 43,2%, en rachetant les parts du fondateur, Charles Beigbeder, sans que cette opération donne lieu à une offre publique. Au grand dam des actionnaires minoritaires. Enfin, sur Euronext Access (ex-Marché Libre), les intervenants ne sont contraints ni par la procédure de lancement obligatoire d’une offre publique, ni par la procédure d’offre publique simplifiée en cas de changement d’actionnaire majoritaire. A méditer.

  1. L’AMF a le pouvoir de rejeter un projet d’offre publique.

VRAI

Parmi ses missions, l’Autorité des marchés financiers contrôle le bon déroulement des offres publiques et l’information délivrée aux actionnaires. Dans ce cadre, elle est amenée à apprécier la conformité d’un projet d’offre aux dispositions législatives et réglementaires. Or, si l’information délivrée est incomplète, peu compréhensible ou incohérente, elle peut déclarer le projet non conforme et par conséquent l’invalider. C’est ce qui s’est produit pour l’offre publique d’échange de Sacyr sur Eiffage (2007), l’OPRA de Gecina (2007) et les OPE de Prologue sur O2i (2015) et d’Altice sur SFR (2016).

Dans ce dernier cas, l’Autorité de régulation a estimé que les modalités du projet de rémunération d’Altice (1% à 4% du chiffre d’affaires) restaient imprécises, avec un impact négatif et significatif sur la détermination des fourchettes de parité. En conséquence, cette éventualité ne permettait pas « de considérer que l’information destinée aux actionnaires minoritaires, notamment sur la justification de la parité d’échange retenue, soit complète, compréhensible et cohérente ». Altice, regrettant cette décision, a déposé un recours auprès de la Cour d’appel de Paris. Mais cette juridiction a confirmé, le 14 mars 2017, la décision de l’AMF.

  1. Au cours d’une offre, l’initiateur a la faculté de rehausser le prix.

VRAI

Les conditions d’une offre ne sont pas gravées dans le marbre. Si le marché estime que l’offre sous-évalue la société visée (un cours sensiblement supérieur au prix proposé en est le meilleur signe), alors l’initiateur peut parfaitement réviser à la hausse sa proposition initiale pour se donner les meilleures chances de succès. Surtout si, dans son projet de départ, il souhaite obtenir plus de 90% du capital pour retirer le titre de la cote et faire circuler ensuite librement les cash flows.

Pour acquérir l’éditeur de jeux vidéo Gameloft, Vivendi a ainsi relevé par deux fois son prix, d’abord le 1er mars 2016 de 6 à 7,20 euros, puis le 19 mai de 7,20 à 8 euros, soit une majoration de 33% au final. Pour emporter la société d’ingénierie pétrolière et gazière Heurtey Petrochem, Axens (IFP) a rehaussé de 8,7% le sien en novembre 2016. Et, pour le fabricant de connecteurs Radiall, le holding de la famille Gattaz a amélioré, en décembre 2016, son offre de 6,2%. C’est pourquoi, après l’annonce d’une opération, il ne faut jamais céder ses titres dans la précipitation.