Verbatim

L’Autorité de la concurrence modernise et simplifie le contrôle des acquisitions

L’Autorité de la concurrence modernise et simplifie le contrôle des acquisitions. L’Autorité annonce, dès à présent, un important mouvement d’allègement des informations demandées aux entreprises dans le cadre de la procédure simplifiée, ainsi que la création d’une nouvelle modalité de déclaration ultra simplifiée et via une plateforme numérique.

La simplification du dossier de notification

Les entreprises concernées par une notification préalable de leur opération de concentration à l’Autorité sont soumises aux dispositions des articles L. 430-1 et suivants du code de commerce. Les annexes de ce code, fixées par voie réglementaire, prévoient le contenu du dossier qui doit être adressé à l’Autorité.

Comme sur le plan législatif, l’Autorité s’est livrée à un diagnostic de l’ensemble des informations qu’elle demandait aux entreprises de fournir à l’appui de leur notification, afin d’identifier toutes les marges de simplification et d’éviter d’imposer aux entreprises des contraintes non proportionnées aux enjeux concurrentiels des dossiers.

Afin de simplifier la charge administrative des entreprises, l’Autorité propose de supprimer plusieurs informations, qui étaient jusqu’ici requises, en particulier financières, (produits financiers des placements, immobilisations incorporelles, corporelles, financières, dettes financières…), et de réduire à un exemplaire le dossier communiqué (au lieu de quatre actuellement). Au vu de sa pratique dans l’instruction des dossiers depuis le 1er mars 2009, ces informations n’ont pas été considérées comme indispensables à l’examen de l’ensemble des opérations de concentration. S’agissant de l’annexe 4-4 du code de commerce, seuls les chiffres d’affaires totaux, européen et français hors taxes, ainsi que le résultat net des entreprises concernées seront ainsi requis dans le cas général (des informations complémentaires pouvant être demandées si nécessaire).

Élargissement du champ de la procédure simplifiée

La procédure simplifiée, prévue par les lignes directrices relatives au contrôle des concentrations de l’Autorité de la concurrence, permet aux entreprises de déposer un dossier simplifié et à l’Autorité de rendre une décision dans des délais raccourcis (environ 3 semaines au lieu de 5 semaines). Chaque année, environ la moitié des dossiers examinés par l’Autorité bénéficie de cette procédure, qui existe aussi au niveau de la Commission européenne.

Seules les opérations qui ne sont pas susceptibles, prima facie, de poser de problèmes de concurrence sont éligibles à la procédure simplifiée. Il s’agit des opérations pour lesquelles le ou les acquéreurs ne sont présents ni sur les mêmes marchés que la ou les cibles, ni sur des marchés amont, aval ou connexes, ou encore des opérations notifiables en application du II de l’article L. 430-2 du code de commerce relatif au commerce de détail (qui prévoit des seuils de notification spécifiques) et qui n’entraînent pas un changement d’enseigne.

L’Autorité propose d’élargir le bénéfice de cette procédure à d’autres types d’opérations :

– en cas de chevauchement horizontal d’activité (les entreprises évoluent sur les mêmes marchés), lorsque la part de marché cumulée des entreprises concernées est inférieure à 25 % ;

– en cas de marchés verticalement liés (les entreprises évoluent sur des marchés différents mais liés), lorsque la part de marché des entreprises concernées sur l’un ou l’autre de ces marchés est inférieure à 30 % ;

– en cas de chevauchement horizontal, lorsque la part de marché cumulée des entreprises concernées est inférieure à 50 % et l’accroissement de part de marché à la suite de l’opération est inférieur à 2 points ;

– en cas d’acquisition de contrôle exclusif d’entreprises, lorsque l’acquéreur détient déjà le contrôle en commun de la cible avec un autre opérateur ;

– lorsque l’opération porte sur la création d’une entreprise commune de plein exercice exclusivement active en dehors du territoire national ;

– lorsque l’opération concerne la prise de contrôle conjoint d’un actif immobilier en vente en l’état futur d’achèvement (VEFA).

L’Autorité considère que l’impact de cet élargissement portera à plus de 70 % le nombre d’opérations traitées dans le délai raccourci d’environ trois semaines, soit la même proportion que celle constatée aujourd’hui au niveau de la commission européenne.

Création d’une nouvelle procédure de notification ultra simplifiée et dématérialisée

Les opérations qui bénéficiaient de la procédure simplifiée dans sa forme actuelle pourront désormais être notifiées sur le site Internet de l’Autorité au moyen d’un formulaire en ligne.

Par cette procédure dématérialisée, l’Autorité entend participer à la modernisation des modes d’intervention de l’État et prendre en compte les contraintes d’efficacité exprimées par les entreprises et leurs conseils.

Ce formulaire en ligne permettra aux entreprises concernées et à leurs conseils de bénéficier d’un cadre les guidant pour déposer leur dossier de notification (notamment quant au champ des informations à fournir).

La plupart de ces mesures, d’ordre réglementaire ou relevant des lignes directrices, devraient pouvoir être mises en œuvre rapidement, avant la fin de l’année 2018.

De nouvelles lignes directrices en 2019

L’Autorité engage enfin, dès à présent, un travail plus large de révision de ses lignes directrices relatives au contrôle des concentrations. Il s’agit cette fois, de mettre à jour ces règles de droit souple qui précisent les contours et le cadre d’analyse, sur le fond, des opérations de concentration, afin de prendre en compte les évolutions jurisprudentielles de la pratique décisionnelle de l’Autorité intervenues ces dernières années et les simplifications proposées ci-dessus.

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